Tout se tient.
Au commencement, il y a le concert de Khaled Al Habre, petit gros à lunettes ET chanteur communiste libanais. (OUI ça existe).
Les mélodies répétitives, le mélange assez réussi entre jazz et musique oriental, et les jeunes avec le Che dans le dos, parviennent presque à me tenir éveillé (pas vraiment, mais c’est le geste qui compte).
Je dois avoir encore un peu de mal à saisir l’ironie en langue arabe. Mais Hamdoulila, Khaled chante Hamra, son tube.
Michella est soulagée, elle était venue pour l'entendre. Pour moi, tout roule, j’achète l’album.
Et puis, Michella devient nostalgique, elle part dans 5 jours, les souvenirs remontent.
Elle part maintenant dans 3 jours, on est samedi soir, je rentre du boulot. Fête d'adieu.
Elle est saoule. « Soit je vais vomir, soir je vais mourir ».
En bons colocs on l’aide, on l’écoute, on se marre bien. (Elle finit par vomir).
Elle est apathique, elle part dans 2h. Dernière soirée sur la terrasse avec elle, et les copains.
Elle s’en va. Pleurs. « On s’revoit bientôt ». Voiture qui démarre. On court derrière la bagnole.
On cherche une nouvelle coloc.
En parlant de l’appart et du boulot, et de la langue arabe, et de résistance, et de … OH MY GOD, Tout se tient.
La tension monte depuis ces dernières semaines au Liban.
Et le moins qu’on puisse dire c’est que ça se répercute directement sur l’appart.
Il rentre en guerre avec nous, l’appart. Mais de manière vicieuse.
C’est toujours quand on se motive pour faire la vaisselle, quand on veut tirer la chasse, on prendre une bonne douche qu’on n’a plus d’eau.
Autant dire qu’on comprend la manœuvre, et qu’on refuse de se laisser faire.
On investit la table du salon pour la transformer en terrain de ping-pong.
Devant la fermeté de notre interlocuteur (l’appart), et le refus de toutes négociations, on amplifie le mouvement.
C’est parti pour deux soirées de réaménagement de l’espace en mode art-déco post moderne.
Le meuble n’est plus. L’imagination est au pouvoir. La fierté remplit le cœur des manifestants.
Cependant le mouvement ne tarde pas à s’affaiblir.
Les commodités premières (comme une chaise pour s’asseoir) faisant défaut, des divergences naissent au sein du corps social mobilisé. L’ordre revient finalement à Jeitawi.
Retraites-Appart Même combat !!!
Jeudi, il fait gris pollution sur Beyrouth, j’ai ma plus belle chemise sur les épaules et un dictaphone dans mon sac.
C’est parti pour l’entretien avec Fouad Abou Nader. Homme d’une cinquantaine d’années, politique plutôt en retrait, mais plutôt convaincant. Ancien dirigeant militaire d’une des plus puissantes milices libanaises durant la guerre (le combat ça le connait), proche de feu Bachir Gemayel, il nous livre quelques commentaires sur son expérience, et nous offre une part de gâteau au chocolat.
C’est dur dur la science politique.
Et encore, surement un peu moins que d’être stagiaire préposé aux pages sport d’Al Balad.
Le boulot, expliqué trop rapidement par un pote, consiste, le Samedi de 14h à 23h (ou plus pour les débutants-genre moi) à copier coller des dépêches AFP dont tout le monde se moque, à leur trouver un titre, une belle photo, et autres tâches passionnantes… et ce pour 15 articles.
C’est naze, et ça ruine tout espoir de voyage le WE.
J’apprends quelques trucs, quand même : gérer le stress, l’autonomie, la mise en page …
Ma pratique est trop faible, et ma progression donc trop lente, pour que je puisse espérer écrire un vrai article un jour, après avoir bouclé toutes les pages sport-insolite-éco … !
Je me barre. J’irai taper à d’autres portes plus tard.
A moi les vrais WE, finis les WE se résumant à un dimanche de glande.
A l’image des deux dimanches suivant les deux samedi de boulot à Al Balad. (oui, j’ai lâché le boulot au bout de deux jours, c’est pas glorieux, mais j’assume).
Le quartier est chrétien. On ne veut pas faire de vagues. Ici pour le jour de repos, on se repose.
Donc le dimanche, j’apprends l’accordéon à mon coloc. On décide de partir pique-niquer à 18h. On s’achete du Kiri à l’épicier. Je me fais avaler ma carte bleue. On a les poches vides. On rentre manger notre Kiri. On joue à Devine à qui je pense.
Ou bien, on revise l’accordéon, on joue aux cartes, et on fume une petite chicha !
La mer est calme, aucune vague à l’horizon.
Ce samedi matin, le journal tournera sans moi, la voie est libre.
Malgré le coucher tardif de la veille pour cause de festival de vin à Beyrouth, aujourd'hui c'est visite du Musée de la Résistance.
A 2 bonnes heures au Sud de Beyrouth, en plein dans la montagne, une petite propagande pro-Hezbollah ça réveille.
C’est assez effrayant, de voir une vraie propagande affichée comme ça. C’est intéressant quand même.
Il faut aimer les habits de soldats, les munitions, les chars israéliens, brandis comme un trophée.
A part cette période assez militante, sans parler de la manif des français de Beyrouth contre la loi des retraites que j’envisage d’organiser le 6 novembre,
la vie continue.
J’emprunte toujours pas mal de CD à la médiathèque,
je mange toujours pas mal de Hoummous, et de Fool (spécialité d’ici qui vas pas tarder à arriver),
je pense toujours pas mal à vous (j’ai pris mon billet pour noël (17 décembre-4janvier))
et la prof d’arabe est toujours au top niveau. Après la Gym Tonic en plein cours, au tour des jeux de cartes, des chaises musicales et autre Dessinez c’est Gagner, pour apprendre le libanais.
Ce qui explique peut être le fait que je saisisse difficilement l’ironie en libanais.
Tout se tient.
Plus ou moins.