samedi 14 mai 2011

tu as aimé le Liban

« Tu as aimé le Liban ? » . Une des premières questions que le chauffeur de taxi te pose à ton arrivée. Sans savoir que les Libanais disent « Tu as aimé ? » pour dire « Tu aime ? », il est difficile de répondre. 
Cependant même en connaissant l’astuce, et en ayant vécu 8 mois ici… c’est toujours aussi compliqué de répondre. Une chose est sure par contre, c’est que l’on commence, nous aussi, à parler au passé, à prévoir les vacances, à imaginer le retour en France. 
Ca ressemble au début de la fin. Et C’EST COOOOL (dixit Giulio-coloc anarchiste) . Ouai, c’est cool, parce qu’on commence à réaliser ce qu’on aime, ce que le Liban nous a apporté. Et on peut en profiter encore. Et on réalise aussi ce dont on en a marre, et on se dit que ça c’est bientôt fini.
« Sorry » . Un des mots « libanais » parmi les plus faciles à retenir. Prononcer avec un O rond dans la bouche, et en roulant les R. On peut traduire sans trop d’erreur par Pardon. Alors, juste Sorry de pas avoir donné de nouvelles sur ce blog depuis longtemps. Disons pour résumer que j’avais pas trop le cœur à ca.
Et puis, quand les choses les plus folles sont légion, elles paraissent banales. Et puis, on les oublie. Et ça, C’EST NUUUUUUL ! (dixit Giulio) .
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Alors retour sur deux mois à Beyrouth.

Ca commence en partant à la montagne par un dimanche ensoleillé pour se balader, et ca finit aux pieds des pistes à faire la fête gratuitement dans un bar monté pour l’occasion et sponsorisé par une marque de cigarettes.
Et puis les jours qui se réchauffent, les nouveaux colocs, les nouvelles rencontres, et enfin l’occasion de jouer de l’accordéon dans la nuit, dans la rue, de chanter à tue-tête : Shalala, Yallah Ginette !
Et là, attention ça se radicalise. Sorry pour les grands-mères qui lisent le blog. Je dois avouer que j’adore Tagger les murs. J’ai commencé avec un copain, pour rire, et passer le temps. Et de nouveau avec d’autres amis. Puis avec d’autres amis. Et encore d’autres amis. Et au final, on finit par se réveiller le matin, et se voir faire comme première activité de la journée : découpage de pochoir ! à partir de là, on commence à se demander si on est pas accro ! Mais bon, autant profiter d’être au Liban pour faire ça, parce qu’ici, comme me disait un chauffeur de taxi «  Ici, c’est interdit, mais YANNI, pas trop trop trop interdit. » En gros c’est « Vas y coco, éclate toi bien, tout le monde s’en fout. »
Yanni : Mot ultra utilisé ici, mais qui veut rien dire vraiment. Au contraire c’est justement quand tu sais pas quoi dire que tu dis Yanni. Donc on peut traduire ça par « Euhhhhh … » ou bien « C'est-à-dire » ou « Tu vois … »
Fin de la parenthèse Yanni

Tout ça pour dire que je m’amuse pas mal à faire des tag, je découvre un peu des nouvelles idées tous les jours, c’est plutôt sympa ! (Et aussi je fais des Hamacs avec mon copain Félix. Avis aux amateurs.)

Sinon, ici aussi, il y a le concept de « vacances-pas vacances/pas vacances-vacances ». Ca consiste à recevoir des amis ou de la famille au Liban, et de vivre avec eux comme si c’était les vacances. C’est pas mal. D’autant plus que le retour à la réalité des cours se fait en douceur, étant donné l’emploi du temps assez light de ce second semestre.
Et ce concept permet aussi quelques bons moments.

Comme se retrouver enfermé en famille dans le site touristique de Baalbeck au soleil couchant, parce que tout le monde est parti faire sa prière.

Comme aller faire un concert sur le port de Byblos et se faire inviter au resto par le patron, ou dans un autre style faire un concert-parade à Chatila pour les enfants palestiniens… et chanter Shallala non-stop pendant 15 mn, pcq les enfants en veulent encore

Ou dans un style encore plus absurde jouer des chansons avec des mots comme « Trempe », ou comme « Mayo », au Chef de l’Intelligence de la Sécurité Générale.

Mais pour comprendre l’absurdité de la dernière situation, il faut une petite explication.

Il y a une semaine, après notre concert à Chatila ; et avant celui prévu le soir à Byblos chez notre copain patron. On était fatigué avec les copains. Un peu la flemme du samedi après midi ensoleillé ou t’as juste envie de profiter du soleil et Khallas ( Khallas yanni ça suffit – là il faut suivre, sorry). Donc après 2 bonnes heures de pauses au Snack du Musée, on se décide péniblement de visiter le truc le plus petit et le moins loin possible, à savoir la gare désaffectée de Beyrouth, juste à coté de la gare de bus …
On y va, à 4 ( Félix, Yannick, Pierre, et Moi), en passant, on prend des photos de mes tags … on trouve pas trop l’accès au niveau de la gare de bus, donc on continue, on prend la première à gauche pour logiquement sur la gare désaffecté. Et on atterrit sur une motte de terre d’environ 2m, face à un grand mur. Pensant que c’est surement derrière, je regarde comment faire, j’aperçois un trou, je m’approche, je regarde, et là ! Je vois la tête d’un mec de l’autre coté. Il s’empresse de monter de façon à pouvoir nous parler de l’autre coté du mur de 3m de haut. Et nous demande pourquoi on prend des photos, ayant vu Pierre avec son appareil photo autour du cou. On lui explique qu’on cherche juste la gare, qu’on prend pas de photo, qu’on va partir. « Non, non, non, vous êtes aux abords d’une base militaire, c’est interdit de prendre des photos ! Attendez ici, le Colonel va arriver ». Et effectivement, le Colonel arriva, 20mn après, accompagné de 3 militaires en armes. Ils nous prirent tous nos sacs, appareils photo, pièces d’identité… et nous accompagnèrent à l’intérieur de la base. On commence à être halluciné par la proportion que prend l’affaire, et même si on a rien a se reprocher -aucun d’entre nous n’a pris une photo de la base militaire- on finit tous par trouver des raisons pour lesquelles ils pourraient nous embêter vraiment. A l’interieur du camp, on s’assied sur des chaises en plastique à l’intérieur d’un marabout couleur treillis, on ne maitrise plus rien du tout !!! c’est trop trop trop Chic. Un petit côté Otage des Farcs / ou journalistes enlevés «  765eme jours de captivité pour les étudiants Félix Yannick Pierre et Pierre, nous ne les oublions pas ! ». On est pas trop rassuré. Et c’est que le début. On nous fait embarquer à l’arrière de la Jeep, surveillés par trois militaires armées. Et on part pour l’aventure. Arrivé dans une caserne, on nous fait attendre debout, et un chef de je-ne-sais-quoi commence à regarder toutes mes photos ! il voit qu’il y en a aucune d’aujourd’hui, de la caserne … mais bon trop tard, la procédure est lancée. On Poireaute 30 mn-1h, et là avant de passer à un pseudo interrogatoire, on nous menotte !!! c’est completement la folie. C’est parti pour l’interrogatoire. « Nom du père ? Nom de la mère ? C’est pas bien de prendre des photos des militaires ! » . Et c’est tout ! Eh Bah heureusement qu’ils nous ont menotté ! enfin pour être quand même sur, ils nous envoient à L’INTELLIGENCE pour vérifier les infos données. Il est 19h30. Ca fait depuis 17h30 qu’on fait connaissance avec le fonctionnement protocolaire de l’armée libanaise. Départ pour l’Intelligence, Jeep, Menottes, Bidasses armées, nuit qui tombe … Grosse ambiance ! On arrive à l’Intelligence, on passe des espèces de portes de prison, on nous met tout les 4 dans un bureau… Attente. Arrivée du chef, il a pas l’air commode. De nouveau, question, photo. Lui comprend qu’il n’y a rien d’autre qu’un malentendu. Et au bout d’une heure et demi va essayer de nous rassurer, et détendre l’atmosphère. Il est 22h, on chante « Trempe … Mayo ». On relache la pression. Félix prend même une photo souvenir de cette escapade causé par le fait de pas avoir pris de photo de la base militaire ; C’est ouf ! La sureté rappelle l’Intelligence, ils veulent vérifier l’adresse de Félix. Le Chef comprend qu’il peut rien faire, et qu’on doit attendre encore, il nous offre le café. Et nous , a l’aise comme à la maison, on sort nos dés, et on commence un 5000 ! Le chef se joint à nous, on lui explique les règles en anglais ; il adore ; La Sureté le rappelle pour lui dire qu’on est libres, On s’en fout , on veut finir la partie ! C’est fait, on s’échange les adresses mails, et facebook ; On lui offre les dés pour qu’il joue avec ses deux enfants. On ressort ; Il est 22h30. On est libres ! On savait que ca serait drole si ca se finissait bien ! Ca pouvait mieux finir !
Voila pour l’anecdote !

Sinon en parlant de 5000 ! Nouvelle version homologuée et trop trop trop cool ! La Tripolitaine. Pour plus de renseignements, contactez la FI5 ou envoyez moi un mail, ca revient au même.
Sinon, rien d’aussi extraordinaire, mais toujours pleins de bons moments, parfois difficiles à vivre, parfois moins.
Et c’est pas fini, et ça continue ;

J’ai aimé le Liban ? Ma baalif (je sais pas), mais bouffer des cacahuètes torse nu en disant Au plaisir jusqu'à 4h du matin , des Biskrem, des manouché, et des fattouch entre potes, c’est pas extraordinaire, mais c’est ca la vie ici, et ça, oui j’ai aimé. Et ça me manquera

Bisous a tous.
Sorry pour ce post méga long, mais j’avais du retard à rattrapper.
En espérant vous écrire et vous revoir bientot